chap 03 - 1574 - 1814
CHAPITRE 3
DE 1574 A LA DECADENCE
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- de 1594 à 1705, l'avènement de la dynastie husseinite
- de 1735 à 1756, sous Ali Pacha Bey
- de 1756 à 1759, sous Mohammed Bey
- de 1759 à 1782, sous Ali Bey
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Cette situation engendra de nombreux conflits, non seulement avec les souverains européens, mais aussi entre les trois régences de Tripolitaine, de Tunisie et d'Algérie, qui se trouvaient dégagées de l'autorité directe de la Porte. Les Pachas en vinrent à ne plus contrôler les Janissaires et les Raïs. Livrés à leurs impulsions, mûs par leurs intérêts ou leurs haines, ils se disputèrent âprement les affaires publiques. De ces affrontements prirent naissance des pouvoirs nouveaux. En 1590, à Tunis, les Deys remplacèrent les Pachas.
Ce n'est qu'au début du XIX ième siècle, sous la pression des puissances européennes, que devaient disparaître la Course et l'esclavage des Blancs, mais aussi, corrélativement, que commença la décadence de la marine des Beys.
La fonction de Capitan, chef de la marine, fut créée, en Tunisie, en même temps que celle de Bey, chef de l'Armée. Cette dernière fonction prit de plus en plus d'importance, jusqu'à obtenir la réalité du pouvoir sur le pays.
Cependant, la Tunisie restait dépendante de la Turquie, notamment la Marine qui resta placée sous les ordres du Sultan.
De 1600 à 1666, ce fut une période d'affrontements entre les puissances européennes et les corsaires des provinces ottomanes. Les Raïs menaçaient successivement les intérêts commerciaux de la France, de l'Angleterre et de la Hollande. Ces nations, en perpétuel conflit, étaient incapables d'actions communes contre les commanditaires de cette Course. De leur côté, les autorités qui armaient les corsaires, prenaient soin de ne traiter qu'avec une puissance à la fois, afin de pouvoir poursuivre leurs entreprises agressives contre les autres, car la paix tarissait la source de leurs revenus.
De plus, la coutume des cadeaux et présents échangés lors de la signature de tout nouveau traité, source de profits appréciables pour les Deys, favorisait la politique de l'alternance des alliances.
Deux galiotes et un chébec en combat en 1738
Toile d'Antonio Barcelo - Musée de Madrid -
Tunis devint une cité cosmopolite. Elle accueillit les musulmans, expulsés d'Espagne en 1609. Cette population, estimée à 80.000 personnes, complétée par des Orientaux immigrés, adopta rapidement les coutumes tunisiennes. En échange, elle apporta une technique supérieure de la Course, dont les profits permirent l'embellissement de la ville.
Mais, quelle que fut l'importance de la Course pour l'économie tunisienne, elle n'acquît jamais l'envergure exclusive qu'elle eût dans la Régence d'Alger. Les nécessités du négoce et les relations internationales finirent même par obliger le gouvernement à en limiter les effets.
En 1666, une nouvelle paix est signée entre la France et Alger. Les Français rentrent en possession de leurs comptoirs du Cap Nègre, qu'ils avaient dû abandonner en 1637. L'accalmie pour les Français signifia la tempête pour les autres nations chrétiennes: Angleterre et Hollande. Le Fondouk des Français, bâti en 1659, était alors le plus spacieux et le plus beau, car le consul de France protégeait les commerçants de toutes nationalités (à l'exception des ressortissants anglais et hollandais).
En 1671, le bombardement d'Alger et de Bône par une escadre anglaise précipita la chute des Pachas d'Algérie, et la prise du pouvoir par un Raïs qui se proclama Dey. La Course reprit entre la France et les Etats "barbaresques". Une nouvelle fois, les gens de Tunis expulsèrent les Français du Cap Nègre.
Le remplacement du régime des Deys par celui des Beys, n'entraîna pas de modifications notables dans le domaine de la Course: même si, aux environs de 1725, la guerre de course connut un sensible affaiblissement, les relations demeurèrent tendues et meurtrières.
Le remplacement du régime des Deys par celui des Beys, n'entraîna pas de modifications notables dans le domaine de la Course: même si, aux environs de 1725, la guerre de course connut un sensible affaiblissement, les relations demeurèrent tendues et meurtrières.
C'est en 1741 que se situe l'affaire de Tabarka.
Les chrétiens avaient été expulsés de Tamekart et déportés vers Tunis, tandis que leurs biens étaient confisqués. La France considéra que la paix avait été violée et le roi ordonna d'armer, à Marseille, six grands vaisseaux de guerre qui devaient se diriger sur Tunis pour capturer tous les navires tunisiens qui tenteraient d'entrer dans ce port ou d'en sortir Ce blocus ne modifia pas l'attitude des autorités tunisiennes.
Au même moment, monsieur Fougasse, directeur du comptoir de La Calle, apprenait que la garnison, (d'une centaine d'hommes) qui gardait Tabarka était malade. L'occasion lui parut bonne de venger la destruction du comptoir de Tamekart. Il écrivit dans ce sens à l'officier qui commandait les navires occupés au blocus de Tunis. Ce coup de main sur l'île devait humilier le Bey de Tunis, Ali Pacha.
Les chrétiens avaient été expulsés de Tamekart et déportés vers Tunis, tandis que leurs biens étaient confisqués. La France considéra que la paix avait été violée et le roi ordonna d'armer, à Marseille, six grands vaisseaux de guerre qui devaient se diriger sur Tunis pour capturer tous les navires tunisiens qui tenteraient d'entrer dans ce port ou d'en sortir Ce blocus ne modifia pas l'attitude des autorités tunisiennes.
Au même moment, monsieur Fougasse, directeur du comptoir de La Calle, apprenait que la garnison, (d'une centaine d'hommes) qui gardait Tabarka était malade. L'occasion lui parut bonne de venger la destruction du comptoir de Tamekart. Il écrivit dans ce sens à l'officier qui commandait les navires occupés au blocus de Tunis. Ce coup de main sur l'île devait humilier le Bey de Tunis, Ali Pacha.
La paix entre la France et Ali Pacha fut signée en 1742 (voir annexe I). Le roi de France désigna un nouveau consul qui présenta, de sa part, de nombreux cadeaux au Bey. Ali Pacha décida d'offrir en retour, un présent au roi de France et choisit, parmi les plus grands officiers de sa cour, des commissaires extraordinaires qui furent chargés de le lui apporter.
Combat de Toulon entre Anglais et Espagnols en 1744
Exemple des affrontements entre Européens - Musée de Madrid -
en 1790 | en 1801 | |
Pour le Beylik | 4 navires | 12 navires |
Pour les Djellouli | 13 navires | 7 navires |
Pour les Ben Ayed | 21 navires | 12 navires |
Pour Sahib et Taba | 3 navires | 9 navires |
avec 97 sorties de navires, portant en tout 1.052 canons.
Bien qu'il soit possible de retrouver les traces des activités des corsaires tunisiens jusqu'en 1843, la Course prend fin, officiellement du moins, à la mi-juillet 1816. A partir de cette date, les seuls navires qui apparaissent sur les registres des passeports comme quittant les ports de la Régence sont munis de titres réguliers, délivrés par le Beylik et affectés à des missions déterminées.
- une frégate
- deux gros chébeks
- quelques bricks et corvettes
Porto Farina , aujourd'hui appelée Gar El Melh
A cette marine de l'Etat, il fallait ajouter vingt-quatre petits corsaires appartenant à des particuliers, armés par quelques mauvais marins et encombrés par autant de soldats que possible. Cette dernière flotte connaissait une grande misère et était peu efficace.
Contrairement à la flotte algérienne, la flotte tunisienne respectait scrupuleusement les accords passés entre le Bey et les puissances étrangères et n'attaquait jamais les bâtiments alliés ou neutres.
Après cette période faste de la marine de la Régence, la flotte tunisienne, au lendemain de la paix européenne et de la prohibition de la Course, connut le début de sa période de décadence.
En effet, les nations européennes qui n'étaient plus occupées par leurs guerres intestines pouvaient se décider à contrecarrer les menées des corsaires contre leur commerce maritime. Cette ambition était d'autant plus facilement réalisable que, quel que fut le nombre des unités de la Marine beylicale, celle-ci restait inférieure en potentiel aux marines nord-méditerranéennes et ne pouvait conduire que des opérations de course qui ne résisteraient pas longtemps devant des forces disciplinées et organisées pour le combat naval.
Enfin, s'il est vrai que la perte de bâtiments marchands pour un état européen était plus grave que celle d'un petit corsaire tunisien de valeur insignifiante pour le Bey qui compensait celle-ci par la riche valeur des navires marchands capturés, il suffisait aux escadres européennes de s'attaquer aux ports, bases et autres abris connus de ces corsaires pour les empêcher de nuire.
Ainsi, les nations européennes prenant conscience de leur supériorité militaire, envisagèrent-elles de modifier leur stratégie et d'imposer leur loi aux pays du sud de la Méditerranée.